Angers : les quartiers populaires n’ont pas besoin de compassion, mais de courage politique

On ne va pas se mentir : on vous a trop souvent pris pour des figurants

De Belle-Beille à la Roseraie, de Monplaisir à Verneau, des Justices à Grand-Pigeon, de Savary aux Hauts-de-Saint-Aubin, une vérité s’impose : on ne vous a pas traités comme des citoyens à part entière, mais comme une variable d’ajustement.
Une carte électorale qu’on ressort à chaque municipale.
Un décor pour discours ministériel pressé.
Un territoire où l’on inaugure, mais où l’on n’habite jamais.

Pendant des années, les responsables politiques ont parlé de vous, autour de vous, au nom de vous — sans vous.
Et après, ils s’étonnent du désenchantement démocratique.
Il faudrait peut-être commencer par arrêter de prendre les gens pour des statistiques sur pattes.


La vie chère : quand la municipalité sert de commentaire au lieu d’agir

L’inflation ? On en parle. On compatit. On consulte.
Mais concrètement ?
Rien d’autre que quelques mesurettes nationales vaguement relayées.

Pourtant, dans les quartiers populaires, la vie chère n’est pas un débat : c’est une punition quotidienne.
Les courses coûtent une fortune, les factures explosent, les aides stagnent.
Pendant ce temps, dans certains bureaux municipaux, on vous explique doctement que “les dispositifs existent déjà”.

À force de gouverner à coups de PowerPoint, on finit par oublier qu’un lave-linge qui tombe en panne peut faire basculer un foyer entier dans la galère.
Mais ça, visiblement, ce n’est pas dans les slides.

Ce qu’il faudrait ?
– Une vraie politique locale de lutte contre la vie chère.
– Des coopératives alimentaires municipales.
– Une rénovation énergétique massive.
– Des aides ciblées sur les familles seules.

Bref : du concret, pas du commentaire.


Le sentiment d’insécurité : dire la vérité sans se cacher derrière les discours convenus

On connaît le refrain :
« L’insécurité, c’est un ressenti. »
Oui. Et le soleil, c’est un ressenti aussi ?

Dans plusieurs quartiers d’Angers, l’insécurité est bien réelle.
Les habitants ne sont pas paranoïaques : ils décrivent leur quotidien.
Alors quand on leur répond par des éléments de langage écrits par une direction de communication, forcément… le fossé se creuse.

Le vrai scandale, c’est qu’on pense encore que parler d’insécurité, c’est “faire le jeu de l’extrême droite”.
Non. C’est faire le jeu de la vérité.
Laisser faire, en revanche, c’est offrir un boulevard aux marchands de peur.

Et il faudrait qu’on m’explique comment une ville peut être “apaisée” quand les médiateurs sont en sous-effectif, les éducateurs de rue au bord du burn-out et les associations locales laissées à se débrouiller.


La mise à l’écart : quand l’adresse devient un handicap politique

Angers aime se dire “ville inclusive”.
Très bien.
Mais qu’on m’explique pourquoi de Monplaisir à Grand-Pigeon, tant d’habitants ont le sentiment de passer après tout le monde ?

La vérité, c’est que certains quartiers sont traités comme des territoires administrés, pas comme des communautés citoyennes.
On y déploie des dispositifs, on y teste des projets, on y lance des programmes…
Mais on oublie de parler à ceux qui vivent dedans.

Résultat : le sentiment de n’être ni écouté, ni représenté, ni respecté.
D’être des sous-citoyens tolérés, jamais considérés.


L’accès aux soins : l’injustice que tout le monde voit mais que personne ne règle

Dans les quartiers populaires d’Angers, les habitants mettent plus de temps à trouver un médecin qu’un élu à trouver un slogan.
C’est dire.

L’offre médicale s’effondre, les renoncements augmentent, les délais explosent.
Et pendant ce temps, la collectivité organise des “forums santé” qui ressemblent à des pansements administratifs sur une plaie béante.

On ne résoudra pas la désertification médicale en distribuant des flyers.

Il faut :
– des centres municipaux de santé,
– des médecins salariés,
– des permanences psy gratuites,
– des transports dédiés.

Bref : une ville qui protège autant qu’elle communique.


La stigmatisation : quand les habitants deviennent le décor des discours

Vous en avez marre — et vous avez raison — de voir vos quartiers filmés uniquement quand il y a un drame.
Marre d’entendre “quartier sensible” prononcé avec la même voix qu’on utilise pour dire “zone à risques”.
Marre d’être réduits à des caricatures.

Si les mêmes caméras venaient filmer les bénévoles, les mères courage, les jeunes brillants, les solidarités du quotidien, on parlerait des quartiers populaires comme d’une force, pas comme d’un problème.

La stigmatisation, ce n’est pas un dommage collatéral : c’est une violence politique.


Conclusion — Les quartiers populaires ne veulent pas être sauvés : ils veulent être respectés

Vous n’avez pas besoin de promesses électorales, de tournées de candidats ou de selfies sur les marchés.
Vous avez besoin :
– de justice,
– d’égalité réelle,
– de présence publique,
– de courage politique.

Vous êtes l’ossature d’Angers, pas sa marge.
Ceux qui vous ignorent ne gouvernent pas mal : ils gouvernent faux.

Si Angers veut être une grande ville, elle devra enfin regarder ses quartiers populaires autrement que comme des “dossiers”.
Parce que votre vie mérite mieux que des phrases, mieux que des sourires, mieux que des visites en période électorale.

Elle mérite une ville qui vous considère.+

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