« Oui, madame la ministre, je m’oppose à votre loi, parce que… »: Une litanie politique et sociale en hommage aux invisibles que votre réforme menace de faire taire

Derrière vos PowerPoints et vos promesses d’insertion, il y a des vies. Des vraies. Des cabossées. Et face à votre décret de sanction-remobilisation, voici, madame, pourquoi je refuse de me taire.

Oui madame la ministre, je m’oppose à votre loi parce que vous prétendez lutter contre le non-recours… en rendant l’accès au RSA encore plus conditionné, plus complexe, plus culpabilisant. Vous dites vouloir que chacun connaisse ses droits, mais vous commencez par les restreindre.

Oui madame la ministre, je m’oppose à votre loi parce que derrière chaque « activité obligatoire », il y a souvent un stage bidon, une mission inutile, ou une tâche que personne ne veut faire. Ce n’est pas de l’insertion, c’est de l’occupation. Et ce n’est pas ainsi qu’on reconstruit la confiance.

Oui madame la ministre, je m’oppose à votre loi parce que vous appelez « engagement » ce qui relève en fait de l’obéissance sous menace. Un vrai engagement, ça se choisit. Ce n’est pas quelque chose qu’on signe la peur au ventre, de perdre les quelques euros qui permettent de tenir jusqu’à la fin du mois.

Oui madame la ministre, je m’oppose à votre loi parce que vous prétendez « responsabiliser » des gens qui se battent déjà au quotidien pour garder la tête hors de l’eau. Les responsabilités, ils les connaissent : payer leur loyer, nourrir leurs enfants, survivre aux fins de mois. Ce qu’ils attendent, ce n’est pas une leçon de morale, mais un soutien réel.

Oui madame la ministre, je m’oppose à votre loi parce que la seule chose que vous allez réussir à faire, c’est éloigner encore un peu plus les plus précaires du système. Les invisibles vont devenir transparents, et les transparents, inaudibles.

Oui madame la ministre, je m’oppose à votre loi parce que je crois qu’on n’aide pas les gens en leur mettant la pression, mais en leur rendant confiance. Et la confiance, ça ne se décrète pas par decret ministerielle. Elle se tisse, lentement, dans la durée, avec respect et constance.

Oui madame la ministre, je m’oppose à votre loi parce que je préfère mille fois un accompagnement bienveillant qu’un contrôle malveillant. Je préfère qu’on parte des besoins des personnes, pas d’une idéologie de la performance sociale. Je préfère qu’on regarde les gens dans les yeux, pas dans leur dossier.

Oui madame la ministre, je m’oppose à votre loi parce que votre décret aura beau porter le nom de « remobilisation », il ne mobilisera que la peur. La peur de perdre, la peur de mal faire, la peur de tomber. Et l’on ne construit rien sur la peur. Rien de bon. Rien de durable. Rien d’humain.

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