🏛️ Christophe Béchu, le ministre-maire aux promesses oubliées

Analyse critique d’un bilan social angevin qui ne tient pas ses promesses


Il fut un temps où Christophe Béchu aimait à se présenter comme le maire du concret, du sérieux, du “zéro blabla”. Dix ans plus tard, l’image s’est quelque peu écornée. Devenu ministre sans vraiment quitter Angers, il laisse derrière lui un bilan municipal socialement contrasté, écologiquement contestable, humainement discutable. Retour sur les promesses, les chiffres… et les oublis.


📉 Logement social : la grande marche arrière

Promesse non tenue n°1 : garantir une ville inclusive et accessible à tous.

En réalité, depuis 2014, la part de logements sociaux a diminué à Angers, malgré une croissance démographique et une précarité persistante. Alors que la ville dépassait autrefois les 30 %, le seuil a désormais baissé, avec une orientation municipale assumée de freiner les constructions sociales. Cette stratégie de « diversification » du parc ressemble plutôt à une gentrification en marche.

Dans les quartiers populaires comme Monplaisir ou Belle-Beille, les rénovations urbaines se sont souvent traduites par une éviction silencieuse des plus précaires, sans accompagnement adapté.


👥 Ressources humaines : des chiffres en trompe-l’Ĺ“il

Promesse non tenue n°2 : faire d’Angers une ville bienveillante pour ses agents.

Christophe Béchu se targue d’un taux de réalisation de promesses supérieur à 90 %. Mais dans les faits, l’absentéisme au sein des services sociaux (CCAS) a bondi : de 11,5 % en 2015 à plus de 15 % en 2017, selon la Cour des comptes. Une hausse qui témoigne d’un malaise professionnel croissant, d’une surcharge de travail chronique et d’un manque de reconnaissance pour les agents en première ligne.

La hausse du nombre de jeunes agents masque aussi une précarisation accrue des statuts : contrats courts, missions éclatées, peu de perspectives d’évolution.


🏗️ Urbanisme : bétonner pour mieux régner

Promesse non tenue n°3 : faire d’Angers une ville verte, respirable et durable.

Il fallait oser. Alors que Béchu est devenu ministre de la Transition écologique, la ville a validé en 2024 la construction d’un parking de 300 places en cœur de ville, abattant au passage huit ormes du Japon centenaires, en pleine période de canicule estivale. Un projet perçu comme l’antithèse d’un urbanisme écologique, dénoncé par les habitants et les associations environnementales.

La politique du “verdissement” s’est surtout incarnée en communication visuelle (logos, slogans, vidéos promotionnelles), pendant que la biodiversité urbaine reculait et que les promoteurs avançaient.


🤝 Solidarités : la grande absente du second mandat

Promesse non tenue n°4 : renforcer le tissu associatif et l’aide aux plus démunis.

En matière de lutte contre la précarité, le silence de la municipalité Béchu est assourdissant. Aucun plan ambitieux d’insertion, peu de soutien financier nouveau aux associations locales, un CCAS exsangue… et surtout, une absence politique de proximité.

Les dimanches d’accueil pour les personnes à la rue sont assurés par les paroisses et les associations, sans coordination réelle de la Ville. Et dans une ville où les prix de l’immobilier explosent, les aides à l’hébergement d’urgence restent sous-dimensionnées.


🕴️ Cumul, absentéisme politique et ambitions personnelles

Promesse non tenue n°5 : être un maire à temps plein.

Depuis son entrée au gouvernement, Christophe Béchu cumule les fonctions, officiellement premier adjoint, officieusement absent. Ses interventions à Angers se font rares, sa visibilité se limite à des vœux annuels et des tweets de félicitations. Le reste du temps, il est à Paris, place Beauvau ou avenue de Ségur.

Le Monde parle d’un “premier adjoint fantôme”, rémunéré pour une présence minimale. Ce n’est pas un détail : c’est un choix. Celui de l’ambition nationale avant le service local. Et cela se voit.


🧾 90 % d’engagements tenus ? Vraiment ?

L’autoévaluation du maire évoque fièrement un taux de réalisation de 90 % de ses promesses. Mais comme souvent, tout dépend de la manière dont on formule, reformule ou oublie certaines priorités.

On peut cocher des cases et oublier des visages. On peut poser des bancs publics et ignorer ceux qui dorment dessus. On peut repeindre une façade et négliger ce qui se passe derrière les murs.


đź§© Conclusion : un bilan comptable, pas humain

Christophe Béchu a été, sans doute, un maire gestionnaire. Mais a-t-il été un maire juste ? Un maire présent ? Un maire solidaire ? Rien n’est moins sûr.

Il laisse derrière lui une ville plus belle en apparence, mais plus dure pour les plus fragiles, un bilan socialement pauvre et politiquement distant. Son passage à la tête de la mairie d’Angers aura surtout été le tremplin d’une carrière nationale, pas le laboratoire d’une ville solidaire.

Et dans les rues d’Angers, ce sont les silences de l’Hôtel de Ville qui font aujourd’hui le plus de bruit.

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