De l’appréhension à l’engagement : Mon parcours au sein du CNLE

Depuis quelques mois, j’ai eu l’honneur de rejoindre le Conseil National des Politiques de Lutte contre la Pauvreté et l’Exclusion Sociale (CNLE). Cette institution, véritable espace de concertation et d’échange, joue un rôle fondamental dans la réflexion et l’élaboration des politiques publiques destinées à lutter contre la pauvreté et à favoriser l’inclusion sociale. C’est avec un mélange d’enthousiasme et d’humilité que j’ai accepté cette mission, pleinement conscient de la responsabilité qu’elle implique.
Dès mes premiers pas au sein du CNLE, j’ai été frappé par la densité et la technicité des échanges. Cet univers m’était alors étranger : les membres, qu’ils soient universitaires, chercheurs, militants associatifs ou représentants syndicaux, semblaient évoluer avec aisance dans un cadre où les codes sont bien établis et les discussions parfois animées. Conscient de mes lacunes face à ce langage empreint de concepts techniques et d’analyses pointues, je me suis d’abord contenté d’observer et d’écouter, sans toujours saisir pleinement la portée des débats.
Plutôt que de me laisser submerger par cette complexité, j’ai pris le parti d’adopter une posture proactive. C’est ainsi que j’ai décidé, non sans une pointe d’audace, d’aborder Jean-Claude Barbier, sociologue éminent, reconnu pour ses travaux sur les politiques sociales en Europe. Avec une franchise teintée d’humour, je lui ai lancé : « J’aime bien quand tu parles, mais je ne comprends rien à ce que tu dis ! » Loin de s’offusquer, Jean-Claude a accueilli ma remarque avec bienveillance et m’a proposé de déjeuner ensemble pour échanger plus librement. Cet entretien s’est révélé d’une richesse inattendue. Au fil de la discussion, il a su rendre accessibles ses recherches sur les systèmes de protection sociale tout en me livrant, avec une sincérité touchante, des aspects plus personnels de son parcours. Ce moment privilégié a été pour moi fondateur : il m’a permis de mieux appréhender les concepts abordés dans nos réunions tout en me rappelant que l’humilité et la curiosité sont des leviers puissants pour apprendre.
Au sein du CNLE, j’ai également eu la chance de pouvoir compter sur des collègues remarquables. Parmi eux, Olivier Milhaud, géographe et enseignant-chercheur dont les travaux sur les espaces de relégation sociale éclairent d’une manière remarquable les dynamiques territoriales liées à l’exclusion. Son approche pédagogique m’a permis de mieux comprendre des enjeux parfois complexes. De même, Axelle Brodiez-Dolino, historienne et sociologue spécialisée dans les politiques sociales et l’histoire de la pauvreté, m’a ouvert les portes d’une compréhension plus fine des mécanismes historiques qui façonnent nos interventions contemporaines. Ces rencontres intellectuelles ont été pour moi des sources d’apprentissage et d’inspiration inestimables.
Au-delà des savoirs académiques, ce sont les rencontres humaines qui constituent pour moi la véritable richesse du CNLE. J’ai progressivement noué des liens forts avec des responsables associatifs dont l’engagement, l’expérience de terrain et la connaissance des réalités vécues par les plus précaires sont autant de repères précieux. Ces échanges me rappellent que derrière les grandes orientations politiques se cachent des trajectoires individuelles marquées par des épreuves mais aussi par des élans de courage et de résilience.
L’appui indéfectible du secrétariat général du CNLE a également été déterminant dans mon parcours. Lorsque j’ai accepté, avec peu de préparation, la co-présidence du Groupe de Travail Participation II, j’ai rapidement mesuré l’ampleur de la tâche. Heureusement, l’équipe du secrétariat général s’est révélée d’une disponibilité exemplaire. Toujours à l’écoute, répondant avec rigueur et bienveillance à mes interrogations, elle m’a permis de prendre mes fonctions avec plus de confiance et d’efficacité.
Enfin, je ne saurais passer sous silence le rôle essentiel joué par Nicolas Duvoux, président du CNLE. Enseignant et sociologue reconnu, spécialiste des questions de pauvreté et d’inégalités sociales, il incarne un modèle d’engagement intellectuel et humain. Sa capacité à rendre accessibles des concepts complexes et sa volonté constante d’encourager les échanges font de lui un interlocuteur clé et un soutien précieux dans mes nouvelles responsabilités.
Le CNLE est un espace où se rencontrent et se croisent des parcours, des savoirs et des expériences complémentaires. Chercheurs, universitaires, représentants syndicaux, acteurs associatifs et personnes concernées par les politiques sociales collaborent dans un esprit de dialogue constructif. C’est précisément cette richesse humaine et cette dynamique collective qui nourrissent mon engagement. Je ressens une immense gratitude d’avoir intégré cette instance où les différences deviennent des forces et où l’intelligence collective permet d’œuvrer, avec conviction et humilité, pour une société plus juste et solidaire.
Crédits photos : Ministères sociaux / DICOM / Cedric Bufkens / Sipa Press
