Croire en Dieu aujourd’hui n’est pas un refuge mais une résistance : face aux crises, le cardinal Bustillo invite à ralentir et habiter le temps.
par Xavier BAUMIER · Publié · Mis à jour
✍️ Croire en Dieu à l’heure des crises permanentes : halte ou résistance ?
Il y a des matins où croire en Dieu ressemble à un acte de douce folie.
Pendant que le monde politique joue au poker menteur avec la démocratie, que la planète brûle en silence et que la société se fracture comme une vitre sous pression, la foi paraît presque déplacée. Comme un anachronisme, une voix fragile dans le vacarme permanent.
Et pourtant… peut-être que croire aujourd’hui n’est pas un refuge, mais une forme de résistance.
⏸ Le monde en surchauffe, les consciences en survol
Tout s’emballe.
L’information tourne en boucle, la parole publique se décompose en petites phrases et en indignations chronométrées. Le politique confond urgence et précipitation ; la société confond vitesse et progrès. Résultat : nous vivons dans une urgence perpétuelle, sans jamais prendre le temps de penser, d’écouter ou de croire.
Le cardinal Lustiger le disait déjà : « Le danger n’est pas tant l’athéisme militant que la distraction permanente. »
Croire dans ce contexte, c’est déjà oser lever le pied quand tout pousse à l’emballement.
⛪ Le cardinal Bustillo : réhabiliter la lenteur comme acte spirituel
Dans son dernier livre « Croire et tenir », le cardinal François Bustillo lance un appel salutaire : ralentir.
Non pas fuir le monde, mais habiter le temps autrement. Refuser la dictature de l’immédiat pour retrouver la profondeur.
« Croire, c’est consentir au temps long, au silence, à la lenteur nécessaire pour discerner. »
— F. Bustillo
À contre-courant d’un monde qui scroll et zappe, la foi prend le temps. Elle s’enracine. Elle écoute. Elle ne réagit pas au quart de tour ; elle discerne. Et ça, dans notre époque d’indignations express, c’est presque révolutionnaire.
🌍 Croire, ni béquille ni aveuglement
Soyons clairs : la foi ne doit pas servir de prétexte au repli confortable (« Dieu s’en chargera, moi je me désengage ») ni au désespoir cynique (« Vu l’état du monde, croire relève de la naïveté »).
Croire aujourd’hui, c’est regarder le réel en face, sans travestir la souffrance ni esquiver les fractures sociales et politiques.
C’est planter une tente au cœur de la tempête, et continuer à veiller.
Espérer, ce n’est pas fermer les yeux ; c’est tenir bon quand plus rien ne tient.
🕯 Une foi de résistance dans un monde essoufflé
La foi n’est pas une bulle hors du monde. Elle peut devenir un souffle intérieur pour tenir debout quand la société chancelle.
Croire aujourd’hui, c’est refuser d’être englouti par le court-termisme politique, par la logique des coups médiatiques et des indignations fugaces.
C’est choisir la durée plutôt que l’instant, la profondeur plutôt que le bruit.
C’est se donner le droit d’habiter le monde autrement, sans renoncer à agir.
📝 Et nous, que faisons-nous de notre foi ?
La question est personnelle et politique à la fois.
Dans nos engagements, nos combats, nos colères — quelle place laissons-nous à la foi, à la lenteur, au silence intérieur ?
Ou bien avons-nous, nous aussi, intégré le rythme infernal d’un monde qui ne sait plus s’arrêter ? Peut-être faut-il, comme le Christ dans la barque en pleine tempête, apprendre à faire confiance au milieu du chaos.
Non pas pour fuir les responsabilités, mais pour tenir bon autrement
