Fils de : le naufrage annoncé

FLOP

Je ne suis pas critique cinématographique, mais pas besoin. Le film Fils de, sorti en salle la semaine dernière, se suffit à lui-même pour se faire démolir. C’est un concentré d’ennui, de maladresse et de ratage. Le genre de film qui fait regretter les fauteuils rouges des cinémas et qui donne envie de supplier pour qu’on nous rende nos deux heures perdues.

Dès l’ouverture, on comprend que l’affaire est mal engagée. Le ton se veut corrosif, la mise en scène prétend gratter les mécanismes du pouvoir et des ambitions politiques. Mais très vite, l’illusion se dissipe. Là où on attendait une satire nerveuse, intelligente et audacieuse, on ne trouve qu’une suite de scènes collées les unes aux autres, sans logique, sans tension dramatique, sans horizon. Les critiques professionnelles elles-mêmes, pourtant souvent enclines à la diplomatie, parlent d’un film informe, incapable de tenir ses promesses.

Le public, lui, ne prend même pas de pincettes. Sur les forums et dans les avis de spectateurs, les mots reviennent : brouillon, confus, débile, mal filmé. Certains dénoncent un scénario “au ras des pâquerettes”, d’autres parlent carrément de “palme de la nullité”. Et il ne s’agit pas d’exagération de spectateurs ronchons : plusieurs avouent avoir quitté la salle avant la fin, incapables de supporter ce naufrage cinématographique.

Ce qui rend l’échec encore plus cuisant, c’est le casting. Car sur l’affiche, il y avait de quoi y croire. François Cluzet, Karin Viard, Alex Lutz, Jean Chevalier, Sawsan Abès. Des acteurs confirmés, des personnalités fortes, qui ont déjà prouvé leur talent ailleurs. Mais ici, rien ne prend. Pas d’alchimie, pas de profondeur, pas même une étincelle de conviction. François Cluzet, d’habitude habité par ses rôles, déroule un texte qu’il semble découvrir à la seconde où il l’énonce. Karin Viard se débat avec des dialogues plats qui ne laissent aucune place à son intensité habituelle. Alex Lutz, pourtant habitué à injecter de l’ironie et du mordant dans ses personnages, paraît anesthésié, vidé de son énergie. Quant à Jean Chevalier et Sawsan Abès, ils errent dans ce chaos scénaristique comme des figurants qu’on aurait oublié de diriger.

Le problème de fond, c’est que le film n’a pas de scénario. Pas de ligne directrice, pas d’enjeu, pas de souffle narratif. Une accumulation de scènes décousues qui prétendent dénoncer les petites lâchetés et les grandes manœuvres politiques, mais qui tombent systématiquement à plat. Ce n’est pas une satire, ce n’est même pas une histoire : c’est une caricature sans esprit. Les dialogues, censés porter l’ironie ou l’amertume du propos, s’aplatissent dans un vide abyssal. On n’y croit jamais, on n’a jamais rien à attendre, et le spectateur finit par se demander ce qu’il fait là.

La réalisation n’arrange rien. Caméra qui tremble sans raison, effets visuels plaqués pour masquer le vide, bande-son tonitruante pour tenter d’animer un récit exsangue : tout est cache-misère. Mais rien ne cache le gouffre. On sent une volonté de donner un vernis de modernité et d’audace, mais cela ne fait que souligner la pauvreté du fond. La forme est laide, le fond est absent, et ensemble ils ne produisent qu’un brouhaha indigeste.

Ce qui frappe surtout, c’est l’absence de vision. Fils de ne sait pas ce qu’il veut être. Satire politique ? Drame familial ? Chronique sociétale ? Film coup-de-poing ? Il essaye tout à la fois, et échoue partout. Le résultat est un hybride monstrueux qui ne trouve jamais son équilibre. Là où un film comme La Conquête ou Baron noir (en série) avait réussi à creuser le sillon du pouvoir avec intelligence et férocité, Fils de se contente d’effleurer des clichés, sans jamais les dépasser.

Ma critique rejoint donc celles de la presse et du public : absence de jeu des acteurs, absence de scénario, absence de tout. Mais je vais plus loin : Fils de n’est pas seulement un mauvais film, c’est une trahison faite au spectateur. On nous vend une réflexion politique, et on nous livre une coquille vide. On nous promet un casting brillant, et on nous sert des performances mécaniques. On nous annonce une satire, et on nous donne une bouillie de clichés.

En conclusion, Fils de est un film à fuir. Pas un ratage sympathique, pas un nanar qu’on regarde avec un sourire indulgent, mais une vraie catastrophe cinématographique. On en sort vidé, déçu, et avec la désagréable impression qu’on a voulu nous prendre pour des imbéciles. Le cinéma français mérite mieux que ça, et les spectateurs aussi. Si vous tenez à vos dix euros et à votre temps, restez chez vous : même un vieux téléfilm rediffusé à 23h sur une chaîne câblée vous procurera plus d’émotion et de satisfaction que cette mascarade filmée.

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