📉 PauvretĂ© : la claque statistique de l’Ă©tĂ© 2025

Ce n’est pas une vague, c’est un raz-de-marée.
Ce lundi 7 juillet, l’Insee a publié ses chiffres annuels sur la pauvreté en France. Et le constat est aussi brutal que glaçant : 9,8 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté en 2023. 15,4 % de la population, un record absolu depuis que ces données sont mesurées, en 1996.

Le seuil de pauvreté, pour mémoire, correspond à 60 % du revenu médian, soit 1 288 euros mensuels pour une personne seule. Autrement dit, près d’un Français sur six vit avec moins que cela. Et 650 000 d’entre nous ont basculé dans cette réalité en un an.

📌 Une réalité que l’on connaît trop bien

Je ne vais pas vous mentir : ces chiffres, je ne les découvre pas. Je les vis.

Je les ai évoqués ici même à plusieurs reprises :
➡️ dans mon billet sur le non-recours aux droits, ce scandale silencieux qui empêche des millions de personnes d’accéder à des aides auxquelles elles ont pourtant droit.
➡️ dans mon article sur le décret « sanction-remobilisation », qui préfère punir plutôt qu’accompagner.
➡️ ou encore dans ma tribune consacrĂ©e Ă  la pauvretĂ© Ă  Angers, cette ville qu’on aime tant et qui, sous des dehors rutilants, laisse plus d’un habitant sur cinq vivre sous le seuil de pauvretĂ©.

Alors non, je ne tombe pas de l’armoire. Mais ces chiffres font mal. Parce qu’ils confirment ce que les militants, les travailleurs sociaux, les enseignants et les soignants disent depuis des mois : la pauvretĂ© explose, et l’État ne suit plus.

🔍 Qui est concerné ?

Derrière les chiffres, des visages :

  • 36,1 % des chĂ´meurs vivent sous le seuil de pauvretĂ©.
  • 34,3 % des familles monoparentales, souvent des mères seules.
  • 20,3 % des personnes seules.
  • 19,2 % des indĂ©pendants, que certains continuent pourtant Ă  croire privilĂ©giĂ©s.
  • Et mĂŞme 11,1 % des retraitĂ©s, malgrĂ© la revalorisation du minimum contributif.

Ce sont les invisibles de la République. Ceux que l’on pointe du doigt, mais que l’on n’écoute jamais. Ceux pour qui « le reste à vivre » n’est pas un concept budgétaire, mais une angoisse quotidienne.

📉 Une politique publique à la dérive

L’Insee le dit noir sur blanc : l’inflation et la fin des aides exceptionnelles (comme l’indemnitĂ© inflation ou les primes de rentrĂ©e) ont eu un effet destructeur. En clair : on a lâchĂ© les gens en pleine tempĂŞte.

Mais le mal est plus profond. Ce sont des années d’abandon des politiques sociales, de coupes dans les services publics, de discours stigmatisants, d’obsession pour le « retour à l’emploi » qui ont conduit à cette fracture.

Et pendant ce temps, les inégalités explosent. L’indice de Gini, indicateur de l’écart entre riches et pauvres, atteint lui aussi des sommets. La France de 2025 n’est pas seulement une France plus pauvre : c’est une France plus injuste.

🏙 Et à Angers ?

À l’échelle locale, ce tableau ne change guère.
J’ai déjà écrit ici que 21 % des Angevins vivent sous le seuil de pauvreté. Que le taux de non-recours y est estimé à plus de 35 %. Que le délai moyen d’obtention d’un logement social dépasse 28 mois. Que le RSA est un labyrinthe, et que les guichets d’accueil sont saturés.

Et pourtant, rien ne change. Christophe Béchu continue de gouverner Angers comme une start-up municipale, où les pauvres sont bons pour les rapports de la CAF, mais jamais pour les inaugurations.
Son équipe ? Toujours flanquée d’adjoints proches de Sens Commun, toujours aussi sourde à l’appel de la rue.

✊ Ce que nous devons faire

Je le redis : la pauvreté n’attend pas.
Et dans les mois qui viennent, j’y consacrerai toute mon énergie :

  • Au CNLE, en poursuivant le combat contre la stigmatisation des allocataires et pour l’accès effectif aux droits.
  • Ă€ Angers, au sein de Demain Angers, pour porter un vrai projet social, qui ne considère pas la pauvretĂ© comme une anomalie statistique, mais comme une urgence politique.
  • Avec les habitants, les collectifs, les associations, tous ceux qui n’ont pas besoin de l’Insee pour savoir que le pays va mal.

🔚 En conclusion : l’heure n’est plus à l’étonnement, elle est à l’action

Les chiffres de l’Insee ne sont pas un choc. Ils sont un miroir.
Ils nous montrent ce que nous sommes devenus, collectivement.
Mais ils nous rappellent aussi ce que nous pouvons redevenir, si nous avons le courage de changer de cap.

Alors oui, il est temps de sonner la fin de la récré.
Et de remettre l’humain, la justice sociale et la solidarité au cœur de la décision politique.

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