Lecornu à Matignon : Macron débranche la France et change le fusible

On en rigole encore dans les couloirs de l’Élysée. Emmanuel Macron, en quête désespérée d’un Premier ministre pour tenir une majorité introuvable, a multiplié les coups de fil. Brigitte ? Non merci, elle a Pilates le mardi et aqua-bike le jeudi. Némo ? Pas question, l’animal a déjà donné, et puis, un chien à Matignon ça finirait par mordre les députés Renaissance. Restait donc le bottin ministériel, et au fond du tiroir, un nom a clignoté : Sébastien Lecornu.

L’homme aux cent maroquins

Lecornu, c’est le soldat parfait de la Macronie : toujours là, jamais brillant, mais toujours vivant. Depuis 2017, il a fait le tour du propriétaire : secrétaire d’État auprès de Hulot, ministre des Collectivités territoriales, ministre de l’Outre-Mer, ministre des Armées, ministre des Relations avec le Parlement… Bref, l’homme-catalogue de Castorama : « il y a toujours un Lecornu pour ça ».

On le croyait promis à une retraite dorée dans quelque conseil d’administration obscur, mais le voilà catapulté Premier ministre. Non pas pour sauver la maison France, mais pour servir de fusible. Quand la République disjoncte, Macron envoie Lecornu au tableau électrique.

L’art de plaire à tout le monde (et surtout au chef)

Lecornu, c’est aussi une carrière bâtie sur un talent rare : dire oui à tout. Ancien sarkozyste rallié à Macron, il est passé maître dans l’art de retourner sa veste plus vite qu’un ventilateur en plein mois d’août. Mariage pour tous ? Il a hésité, tergiversé, puis finalement… suivi la ligne. Budget militaire ? Il a promis des milliards qui n’existent pas. Lutte contre la pauvreté ? Des phrases compassionnelles calibrées, puis silence radio.

Avec lui, Macron a trouvé un Premier ministre idéal : docile, sans relief, qui n’aura jamais l’audace d’exister par lui-même. Un homme qui accepte d’être un paillasson pour que Jupiter puisse continuer à bomber le torse.

Une mission impossible

Soyons honnêtes : le poste est devenu un piège mortel. La majorité présidentielle n’en est plus une. Les Républicains attendent au tournant, la gauche rigole sous cape, le RN guette l’effondrement, et même les députés macronistes commencent à se demander si ce n’est pas le moment de se mettre en « autonomie stratégique ».

Que peut faire Lecornu là-dedans ? Pas grand-chose. Il n’a ni l’autorité pour imposer une ligne, ni le charisme pour séduire, ni la légitimité pour rassembler. À peine nommé, il est déjà carbonisé : un fusible qui saute avant même d’avoir allumé la lumière.

Macron au bout du rouleau

Le choix de Lecornu en dit long sur Macron. Après avoir grillé Édouard Philippe (parti faire cavalier seul), usé Castex (transformé en gentil monsieur train-train), cramé Borne (électrocutée par les motions de censure), et envoyé Attal au front pour se faire mitrailler à bout portant, il ne reste plus que des seconds couteaux. Macron est à court de pièces détachées.

Lecornu, c’est la dernière cartouche, le dernier trombone rouillé au fond du tiroir, le dernier fusible de la boîte à outils. Quand même Brigitte et Némo refusent le job, c’est que la maison brûle pour de bon.

Vers la panne générale ?

Le pays attend des réponses claires : sur le pouvoir d’achat, la transition écologique, la justice sociale, la démocratie qui craque de partout. Mais il se retrouve avec Lecornu, un technicien de la survie politique, un VRP de la Macronie finissante. Ce n’est pas un Premier ministre, c’est un pare-feu. Et un pare-feu en carton.

Alors, combien de temps tiendra-t-il ? Quelques semaines ? Quelques mois ? Peu importe. L’histoire retiendra surtout que Macron a fini par nommer Lecornu, faute de mieux. Quand on en est réduit à ça, ce n’est plus du génie politique, c’est du bricolage désespéré.

Et comme dirait EDF en cas de surcharge : « Nous vous prions de débrancher vos appareils inutiles. » Voilà qui tombe bien : le quinquennat est déjà à la prise.

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