Libre & Engagé : une ligne de vie, pas un slogan

« Libre & Engagé » n’est pas un titre accrocheur plaqué en haut d’un blog. Ce n’est pas une bannière marketing. C’est ma manière de vivre, de m’exprimer, de m’indigner, depuis des années. C’est un cap, une manière d’être au monde et auprès des autres.

Libre, vraiment libre

Libre, oui — mais pas dans la caricature qu’on en fait parfois. Libre dans le respect, dans la loyauté, dans la parole tenue… mais sans complaisance. La liberté que je défends, c’est celle qui permet de dire ce qui doit être dit, même quand cela dérange, même quand ce n’est pas dans l’air du temps, même quand certains voudraient que je “rentre dans le cadre”.

Garder sa liberté de parole, c’est refuser d’être partisan pour mieux rester concentré sur les objectifs, sur les combats essentiels. Être libre, c’est aussi se lever pour porter la voix de celles et ceux dont on ne parle jamais ou presque. C’est accepter de regarder la réalité en face, sans filtre, sans discours prémâché, sans les lunettes idéologiques qui empêchent d’entendre le vécu des personnes.

Car la liberté authentique, ce n’est pas se plier aux injonctions d’un camp, d’une boutique, d’une étiquette. Ce n’est pas mon style, je n’ai jamais su — ni voulu — faire semblant. On me l’a parfois reproché. On m’a dit que je « bousculais », que je « tranchais », que je « dérangeais ». Tant mieux : on ne change rien en chuchotant.

Et surtout, la liberté n’est pas contradictoire avec la loyauté. On peut être fidèle aux personnes, aux valeurs, au collectif, tout en gardant une parole franche. La loyauté, ce n’est pas l’obéissance. C’est la fidélité à ce qui fait sens.

La Roseraie, matrice du franc-parler

Être libre, c’est aussi ne jamais oublier d’où l’on vient. Moi, je viens d’un quartier où les mots étaient francs, directs, parfois abrupts, mais toujours vrais. La Roseraie n’a jamais été une école de la langue de bois. C’était une école de la vie : celle où l’on apprend tôt la solidarité, l’entraide, la débrouille, l’humilité — et le courage de dire les choses sans tourner autour du pot.

C’est là que j’ai appris à parler vrai, à ne pas baisser les yeux devant l’injustice, à refuser la résignation. C’est là que j’ai construit ce franc-parler que j’utilise encore, chaque jour, au CNLE, dans mes engagements, dans ma vie publique comme personnelle.
Cette liberté-là n’est pas négociable : elle est un héritage.

Engagé, profondément engagé

Engagé, ce n’est pas un badge. Ce n’est pas une posture. C’est une façon d’habiter le monde.

Avant les grandes instances nationales, j’ai agi localement, dans des associations, des mouvements, des collectifs où l’on lutte concrètement contre la pauvreté. À échelle humaine. Avec des prénoms, des visages, des mains qui tremblent, des colères, des espoirs.

Quand on m’a proposé de rejoindre le CNLE, je n’ai pas hésité. Parce que là-bas, l’engagement n’est pas théorique : il se frotte au réel, il se confronte aux politiques publiques, il exige un effort, une rigueur, un courage. Porter la voix de celles et ceux qui ne sont jamais invités autour de la table, c’est parfois se faire violence — mais c’est nécessaire.

Le 13 août dernier, le Premier ministre de l’époque a missionné le CNLE pour définir un objectif chiffré, crédible et volontaire de réduction de la pauvreté sur dix ans, avec les conditions nécessaires pour y parvenir. C’est un travail immense, exigeant, qui demande à la fois lucidité statistique et enracinement humain.

En parallèle, la ministre des Solidarités nous a saisis pour réfléchir aux conditions d’une alimentation durable, saine, équitable, accessible. Là encore : du concret, de l’urgence sociale, de l’engagement.

Et au milieu de tout cela, je préside le Groupe de Travail Participation II : charte, règlement intérieur, rapport des commissions Valorisation, Ancrage territorial, Auto-évaluation… un chantier dense, exigeant, mais essentiel pour que la participation ne soit pas un mot creux mais une réalité.

Semer l’humain, pour récolter du sens

Cet engagement-là n’est pas seulement technique ou institutionnel. Il est profondément humain — et, osons le dire, inspiré d’une certaine vision de l’humanité : celle qui, dans la tradition de la démocratie chrétienne, croit que chaque personne est un trésor, que la dignité ne se négocie pas, et que la société doit se juger d’abord à la manière dont elle traite les plus fragiles.

Semer l’humain, c’est ça : croire que la fraternité n’est pas un supplément d’âme, mais la condition de toute politique qui a du sens. On ne récolte rien de durable si on oublie les personnes.

C’est peut-être naïf dans un monde cynique. Mais c’est, pour moi, la seule manière d’être cohérent : libre, mais profondément enraciné ; engagé, mais jamais aveugle.

La liberté comme exigence

Mon fil rouge, mon cap, mon parti pris, reste le même : liberté de parole, loyauté aux valeurs, engagement aux côtés de celles et ceux qu’on n’écoute pas.
C’est cette ligne-là que je suivrai tant que j’aurai la force de tenir debout.

L’engagement, au fond, c’est cela : faire en sorte que personne ne devienne un absent dans notre démocratie.+

 

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