Ni de gauche ni de droite : l’écologie et le social sont d’abord humains
par Xavier BAUMIER · Publié · Mis à jour
Cet article va certainement déplaire à certains de « mes amis ».
Mais à vrai dire… je m’en tape royalement.
Il y a des choses qui me hérissent le poil, qui me font bondir de ma chaise : cette idée absurde selon laquelle l’écologie et le social seraient forcément de gauche.
Alors, remettons un peu d’ordre dans les esprits.
🌿 L’écologie n’a pas de carte d’électeur
Je suis profondément impliqué dans la campagne de Demain Angers, et j’en partage les valeurs, les orientations, et cette énergie collective qui redonne foi en la politique locale.
Mais cela ne m’empêche pas de garder mon sens critique, parce que militer ne veut pas dire s’aveugler.
L’écologie n’appartient à personne. Elle n’est ni rouge, ni verte, ni bleue : elle est humaine.
Elle naît de l’évidence que notre planète n’est pas inépuisable et que la protéger, c’est protéger les générations futures — pas défendre une ligne de parti.
Oui, il y a des écologistes à gauche. Mais il y en a aussi à droite, et même au centre.
Et, n’en déplaise aux gardiens du dogme, certaines grandes avancées environnementales ont été impulsées sous des gouvernements de droite :
- Les premières politiques de protection de la biodiversité sous Jacques Chirac,
- Le Grenelle de l’Environnement initié par Nicolas Sarkozy,
- Ou encore la création de parcs naturels régionaux dans des territoires conservateurs.
Partout où il y a du courage politique, il y a des actes écologiques.
Ce qui me dérange aujourd’hui, c’est cette écologie punitive qu’on impose sans discernement, souvent au détriment des plus modestes.
Le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE), où je siège depuis 2024, l’a bien mis en évidence : les politiques de transition écologique ne peuvent pas ignorer la réalité sociale.
On ne sauvera pas la planète à coups de mesures hors sol.
Obliger un ménage vivant au RSA à changer de véhicule pour respecter les ZFE (zones à faibles émissions) ?
Une hérésie.
Demander à une famille monoparentale de manger bio sans subvention ni accompagnement ?
Une hypocrisie.
On nous dit qu’il faut consommer local, équitable, durable… très bien.
Mais avec quoi ? Quand on a moins de 1 000 euros par mois, on ne fait pas ses courses à Biocoop.
L’écologie ne peut pas être un luxe réservé à ceux qui ont les moyens de « bien faire ».
Elle doit être un chemin collectif, où chacun peut avancer à son rythme, accompagné, soutenu, respecté.
Car si la planète se réchauffe, les plus pauvres brûlent les premiers.
🤝 Le social, ce n’est pas qu’un mot de gauche
Venons-en au second tabou : le social.
Là encore, on nous ressert la rengaine du monopole moral de la gauche.
Mais soyons sérieux : la justice sociale n’a jamais été un brevet partisan.
Je viens d’une tradition humaniste, celle de la démocratie chrétienne, inspirée par la Doctrine sociale de l’Église.
Cette doctrine repose sur trois piliers :
- La dignité de la personne, parce qu’aucune vie ne vaut moins qu’une autre ;
- La solidarité, parce qu’on ne se construit pas contre les autres, mais avec eux ;
- La subsidiarité, parce que chacun doit pouvoir agir à son niveau avant que l’État n’intervienne.
C’est dans cet esprit que des avancées sociales majeures ont été votées, souvent avec le soutien de familles politiques différentes :
- Le RMI de Michel Rocard en 1988, une révolution portée par la gauche mais soutenue par le centre,
- Le RSA sous Nicolas Sarkozy, reprenant l’esprit d’insertion et de responsabilité,
- La Prime pour l’emploi, créée pour valoriser le travail et soutenir les bas revenus.
Et si on veut parler des quartiers populaires, impossible de passer sous silence l’ANRU (Agence Nationale de Rénovation Urbaine), voulue par Jean-Louis Borloo.
Grâce à cette politique, des quartiers entiers ont été transformés : logements rénovés, écoles reconstruites, espaces publics réhabilités.
C’était du concret, du visible, du vécu.
Aujourd’hui, ces mêmes quartiers se sentent abandonnés.
Les politiques n’osent plus y aller, par peur, par calcul, ou par lassitude.
Résultat : on laisse le champ libre aux extrêmes, à la colère, à la désespérance.
Réinvestir les quartiers, ce n’est pas une option : c’est un devoir moral et une urgence démocratique.
Il faut écouter, reconstruire, proposer, et surtout rester.
Car la politique, ce n’est pas un passage en campagne, c’est une présence au quotidien.
⚖️ Ni angélisme, ni mépris
Soyons clairs : je ne fais pas l’éloge de la droite.
Mais tout n’est pas à jeter non plus.
Reconnaître les réussites d’où qu’elles viennent, ce n’est pas trahir son camp, c’est honorer la vérité.
De la même manière, être de gauche ne devrait pas interdire d’admettre que certaines mesures de rigueur ou d’exigence ont parfois permis de sauver l’essentiel.
La politique, ce n’est pas un concours d’étiquettes, c’est un combat pour l’efficacité et la dignité
💬 En guise. de conclusion
Si je signe ces lignes, c’est parce que je crois qu’on ne changera rien en se laissant enfermer dans des clivages artificiels.
L’écologie et le social ne sont pas des fiefs idéologiques, mais des biens communs.
Et aujourd’hui plus que jamais, il faut avoir le courage de le rappeler :
💥 L’écologie et le social n’ont pas besoin de drapeaux, ils ont besoin de courage.

