La pauvreté n’attend pas. Et moi non plus.

Si j’ai choisi de revenir en politique, ce n’est ni pour flatter mon ego, ni pour retrouver les ors d’un mandat local. Je reviens avec un but. Un seul : porter la question de la pauvreté et de l’exclusion sociale comme une priorité politique majeure. Pas comme un sujet secondaire, une ligne de programme qu’on dégaine pour cocher la case « social », mais comme le cœur même d’un projet municipal digne de ce nom.

Pourquoi ? Parce que la misère, je ne l’ai pas étudiée : je l’ai vécue.
Parce que j’ai vu ce que c’est de glisser, malgré une vie insérée, un emploi, des engagements. Une erreur de parcours, un coup dur, et tout bascule. Le frigo vide. Le logement qui ne tient qu’à un fil. L’isolement. Le regard des autres.
Et parce que j’ai eu une chance immense — celle de rencontrer une association, Habitat et Humanisme, qui m’a tendu la main quand tout le reste m’avait lâché.

Mais combien sont laissés seuls, sur le carreau, sans qu’aucune main ne vienne les relever ?
Combien tombent sans bruit, sans scandale, dans une indifférence glaçante ?

Angers, ville pauvre… et pouvoir sourd.

On ne peut pas continuer à se voiler la face.
Les chiffres sont connus. Ils sont même alarmants :

  • 21 % des habitants d’Angers vivent sous le seuil de pauvreté, soit plus d’un Angevin sur cinq.
  • 3,6 % perçoivent le RSA, sans compter tous ceux qui y auraient droit mais n’y recourent pas.
  • Le taux de non-recours explose : jusqu’à 30 à 40 % selon les prestations.
  • Côté logement : plus de 8 000 personnes attendent un logement social, parfois depuis plus de 24 mois.
  • Et pendant ce temps, la ville plafonne à 19 % de logements sociaux, bien loin des besoins, et souvent mal répartis entre les quartiers.

Ce n’est pas une dérive récente. C’est le fruit de treize années d’inaction, sous l’autorité de Christophe Béchu et de ses successeurs.
Treize années où l’on a préféré les grands projets de façade, les vitrines urbaines, les appels à la « ville verte »… pendant que les files d’attente s’allongeaient aux Restos du Cœur, chez Emmaüs, ou à la porte des CCAS.

Un cap est attendu. Et il est attendu maintenant.

Aujourd’hui, Romain Laveau a été désigné pour porter l’union de la gauche et de l’écologie.
Je m’en réjouis. Mais il ne peut pas éluder ce sujet.
Il ne peut pas simplement évoquer la solidarité comme une intention parmi d’autres. Nous avons besoin :

  • D’un plan d’urgence pour l’accès aux droits : lutter contre le non-recours, simplifier l’accueil dans les services sociaux, recruter, former, accompagner.
  • D’un plan d’accès au logement : produire du logement social, stopper l’étalement des quartiers de riches, mobiliser le foncier public, lutter contre les logements vacants.
  • D’un plan pour les invisibles : les jeunes sans soutien, les femmes isolées, les migrants, les personnes à la rue, les personnes handicapées sans ressources… Tous ceux qu’on oublie trop vite.

Et surtout : nous avons besoin d’un calendrier. De mesures concrètes, dès avril 2026.

Parce que la pauvreté, ce n’est pas un sujet pour plus tard. C’est une urgence pour maintenant.

Mon engagement n’est pas un retour. C’est une fidélité.

Certains pensent que la lutte contre la pauvreté est mon dada. Ma marotte personnelle.
Ils n’ont rien compris. C’est mon histoire, mon devoir, mon horizon.

Et c’est pour cela que j’ai dit oui au Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE), où je siège aujourd’hui au sein du collège des personnes concernées.
Ce n’est pas un strapontin honorifique. C’est un espace de travail, de débat, de construction collective pour faire remonter la parole des premiers concernés.

Et c’est pour cela que je m’engage aujourd’hui aux côtés de la gauche angevine. Parce que malgré ses contradictions, je crois encore que la gauche peut entendre ce cri.

Un message, une exigence, une espérance.

Je ne suis pas revenu pour faire de la figuration. Je suis revenu avec une exigence. Celle que la future majorité municipale mette enfin les plus précaires au cœur de l’action.

Romain, les pauvres n’ont plus le temps.
Pas de promesses vagues. Pas de grandes intentions sans calendrier.
Des actes. Des moyens. Une volonté. Parce que oui, la pauvreté peut reculer. Si l’on s’en donne les moyens. Si l’on a le courage politique. Et si l’on considère enfin que personne, jamais, ne mérite d’être abandonné.

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