Plénière du CNLE : sérieux des réflexions et des propositions. Mépris de la ministre du Travail.

Ce mardi dernier, j’ai eu l’occasion d’assister à la séance plénière du Conseil National des Politiques de Lutte contre la Pauvreté et l’Exclusion Sociale (CNLE), au cours de laquelle ont été abordées plusieurs thématiques majeures relatives aux politiques sociales et aux publics en situation de précarité.
Intervention d’ATD Quart Monde sur la maltraitance institutionnelle
L’intervention d’ATD Quart Monde a constitué l’un des temps forts de cette séance. L’association a présenté un exposé saisissant sur la maltraitance institutionnelle, une problématique préoccupante qui se manifeste lorsque les structures administratives ou les dispositifs sociaux, par leur rigidité bureaucratique, leurs pratiques arbitraires ou leur manque d’écoute, portent atteinte à la dignité et aux droits des personnes vulnérables.
Leurs propos se sont appuyés sur des témoignages édifiants, illustrant les effets délétères des démarches administratives complexes et des attitudes parfois condescendantes de certains agents publics. Ces récits ont mis en lumière la nécessité impérieuse de repenser les pratiques institutionnelles afin de garantir un accompagnement digne, humain et respectueux des personnes concernées.
Présentation de l’avis du CNLE sur la loi « plein emploi »
Le président du CNLE a ensuite présenté l’avis du Conseil concernant la loi « plein emploi », laquelle suscite de vives inquiétudes en raison de son impact potentiel sur les bénéficiaires du RSA. Cette réforme prévoit un renforcement des obligations imposées aux allocataires, assorti d’un suivi plus rigoureux et de sanctions accrues en cas de manquement. Le CNLE a exprimé de fortes réserves à ce sujet, préconisant la mise en place d’un moratoire sur ces sanctions afin qu’une évaluation exhaustive, représentative et participative puisse attester de l’existence d’un accompagnement effectif et individualisé sur l’ensemble du territoire.
L’avis du CNLE insiste également sur l’impératif d’assurer un accompagnement de qualité, respectueux des libertés et aspirations des personnes, tout en mettant en garde contre les effets délétères que pourrait engendrer la réforme en l’absence de telles garanties. Enfin, le CNLE recommande l’instauration d’un revenu plancher afin de sécuriser les parcours des allocataires et prévenir les risques d’aggravation de leur précarité.
Intervention d’Astrid Panosyan-Bouvet
La ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, est arrivée à 12h10 et repartie à 12h50, annonçant vouloir échanger avec les membres du CNLE. Toutefois, son intervention a laissé une impression particulièrement désagréable. Son discours liminaire, empreint de condescendance et de mépris, a suscité une vive incompréhension parmi les participants. Lors d’une brève séance de questions-réponses, son attitude désinvolte et caricaturale face au témoignage poignant d’un membre du CNLE partageant son expérience de précarité a profondément choqué l’assemblée.
Pour ne rien arranger, la ministre a tenu des propos clivants, opposant les associations présentes les unes aux autres, ce qui n’a fait qu’exacerber les tensions. Son intervention, loin de favoriser le dialogue, a semblé mépriser les attentes des membres du CNLE et a laissé de nombreux participants perplexes quant à la réelle volonté du gouvernement d’écouter les acteurs engagés dans la lutte contre la pauvreté.
Cette séance plénière du CNLE, censée être un moment de réflexion et d’échange constructif, s’est achevée sur un sentiment d’amertume et d’inquiétude face à l’absence manifeste de considération pour les réalités du terrain et les propositions des acteurs de la société civile.
