PLF 2026 : l’austérité bien habillée, servie tiède, et surtout jamais pour ceux qui en ont les moyens

Je ne sais pas vous, mais moi, quand je regarde ce qui se passe autour du budget 2026, j’ai l’impression d’observer un concours de mauvaise foi à ciel ouvert. Le PLF arrive à l’Assemblée, se fait charcuter façon puzzle, puis repart gonflé à bloc vers un Sénat qui, lui, se fait déjà les doigts pour le détricoter. Et après ce ballet institutionnel parfaitement inutile, on aura droit à la fin qu’on connaît déjà : une ordonnance, un 49.3 ou une loi spéciale, bref le “faites pas semblant, c’est nous qui décidons”.

Et quand on plonge dans les mesures, on réalise surtout une chose : si vous êtes pauvre, précaire, étudiant étranger, handicapé, habitant d’un HLM, bénévole associatif ou élu local… ce budget n’est pas votre ami.
Il ne sait même pas que vous existez.

Gel des prestations sociales : l’austérité, toujours sur les mêmes

Le gouvernement a fait simple : mettre les plus fragiles “à contribution”.
L’article 44 du PLFSS 2026 annonce clairement la couleur : suspension ou quasi-gel des revalorisations du RSA, de l’AAH, de la prime d’activité et autres aides essentielles. (Source : Assemblée nationale – PLFSS 2026, art. 44)

L’argument ?

“Effort collectif”.
Quand on sait que les ménages concernés sont déjà ceux qui arbitrent entre chauffage et alimentation, il y a de quoi tousser.

Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le gouvernement lui-même, dans sa présentation du budget :
(Sources : economie.gouv.fr – Présentation du budget 2026, mes-allocs.fr – Analyse gel aides sociales)

Suppression des APL pour les étudiants étrangers : l’élégance politique du tri par nationalité

L’amendement AC36 déposé à l’Assemblée nationale est limpide : fin des APL pour les étudiants extracommunautaires non boursiers.
(Sources : Assemblée nationale – amendement AC36, Gouvernement ESR – Ajustement des aides au logement pour étudiants internationaux)

Est-ce que ça va précariser des milliers d’étudiants déjà en difficulté ?
Oui.
Est-ce assumé ?
Totalement.

Les associations de terrain, elles, ne prennent même plus de gants : ce retrait représente 150 à 200 € de perte mensuelle pour ces étudiants.
(Source : Fondation pour le logement des défavorisés)

Pendant ce temps, la France continue d’expliquer au monde qu’elle est un “haut lieu de la mobilité étudiante”. Avec ce genre d’annonces, on sent surtout venir un “Erasmus à la bougie”.

AAH et Prime d’activité : encourager l’emploi en retirant du revenu, fallait oser

Le PLF 2026 contient une trouvaille magnifique :
compter 100 % de l’AAH comme revenu dans le calcul de la prime d’activité.
Fini l’abattement de 59,85 %.
Résultat ? Une baisse sèche, évaluée entre 150 et 170 € par mois pour les personnes handicapées qui travaillent déjà.
(Sources : Faire-Face, Handicap.fr, Unapei)

On appelle ça “inciter au travail”.
Moi j’appelle ça : récompenser l’effort par une sanction.

RSA : l’accompagnement d’un côté, la suspicion de l’autre, et le budget… nulle part

La ligne politique est claire : renforcer les “devoirs”, alourdir les contrôles, et serrer un peu plus les conditions d’accès.
En revanche, côté moyens humains, accompagnement social, réinsertion… on est plutôt sur du “continuez comme vous pouvez”.

Les sites spécialisés alertent déjà sur le fait que la revalorisation du RSA pourrait être gelée, et que les obligations se multiplient sans financement à hauteur des ambitions.
(Sources : mes-allocs.fr, economie.gouv.fr)

C’est le RSA version 2026 : plus d’épée, moins de bouclier.

Logement HLM : réduire les budgets, puis s’étonner que la demande explose

Si vous pensiez que la crise du logement allait pousser à investir davantage dans les HLM… raté.
Le PLF 2026 acte la baisse des aides au logement et des moyens des bailleurs sociaux.
(Source : budget.gouv.fr – PLF 2026, Le Média Social – Logement et hébergement dans le budget 2026)

Conséquences ?

  • moins de constructions,
  • moins de rénovations,
  • plus d’attente,
  • plus de pauvreté énergétique,
  • et une tension locative encore plus violente.

Bref, on réduit encore la voilure, puis on s’étonne que le bateau prenne l’eau.

Associations : couper l’un des derniers filets sociaux encore debout

Le Mouvement Associatif l’a dit, ESS France l’a confirmé :
le PLF 2026 retire 1 milliard d’euros au monde associatif, et certaines lignes ESS chutent de 54 %.

(Sources : Le Mouvement Associatif, ESS France – Analyse PLF 2026)

En clair :

  • moins d’accompagnement,
  • moins d’aide alimentaire,
  • moins de maraudes,
  • moins de soutien aux familles,
  • moins de prévention.

C’est simple : on coupe les ailes à ceux qui évitent que le pays s’effondre.

Collectivités locales : toujours les mêmes missions, toujours moins de moyens

Le gouvernement parle d’un effort de 4,6 milliards d’euros.
Les élus locaux parlent plutôt d’une ponction de 8 milliards.
Entre les deux : un gouffre, et aucune surprise.
(Source : Association des Maires de France – Analyse du budget 2026)

Dotations en baisse, charges obligatoires en hausse, pression sur les services publics locaux :
les communes sont sommées d’assurer plus… avec moins.

On ne peut pas reprocher aux maires de manquer de magie. On peut juste reconnaître qu’ils n’ont plus de baguette.

Le PLF 2026, c’est un budget qui a fait un choix :
réduire l’État social là où il était encore vivant, en espérant que les Français ne regardent pas trop près les dégâts.

Les pauvres, les étudiants étrangers, les personnes handicapées, les allocataires du RSA, les associations, les élus locaux…
Ceux qui tiennent le pays debout sont précisément ceux à qui l’on demande de se serrer encore la ceinture.

Pendant que l’Élysée et Bercy parlent “effort collectif”, chacun comprend très bien que l’effort n’est pas collectif du tout.
Il est ciblé.
Il est assumé.
Il est brutal.

 

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