Sur le fil : engagement, liberté et loyautés en équilibre

Il existe des vérités qui ne se dévoilent qu’à ceux qui acceptent de ralentir un instant. Des vérités discrètes, presque timides, qui finissent par vous rattraper : à force de vouloir être partout, on finit par n’être pleinement nulle part. À force d’empiler les engagements comme des pierres instables, on finit par fragiliser ce que l’on voulait bâtir. Cette mécanique, je la connais par cœur. Je l’ai pratiquée avec passion, parfois avec excès, persuadé que la volonté suffirait à tenir. Le temps, lui, ne négocie pas.

Mon réengagement s’est fait par étapes : ma paroisse, puis le CNLE, puis la politique — comme un appel que l’on croyait éteint mais qui revient vous chercher. J’y ai retrouvé ce que je croyais avoir perdu : le goût de créer, de porter des projets, la joie simple du travail collectif. Et surtout, une chose essentielle : la liberté.
La liberté de penser, d’agir, de ne pas renoncer à mes idées.
La liberté de ne pas me renier.
La liberté, enfin, d’être moi-même.

En septembre, j’ai quitté mes responsabilités paroissiales pour me consacrer au CNLE et à la campagne municipale. Mais même ainsi, j’ai compris que je ne pouvais pas être partout avec la même intensité. Une évidence s’est imposée : le CNLE doit être ma priorité. Terminer ce mandat, peut-être en solliciter un second, poursuivre ce travail exigeant où je me sens pleinement utile.
Là-bas, j’ai trouvé une direction, une place qui fait sens, un espace où la liberté justement n’est pas un mot creux mais une manière d’agir.

Et puis, il y a la politique.
Je m’y suis réengagé avec l’idée, peut-être un peu naïve, que les choses avaient changé. La politique reste la politique : ses réflexes, ses codes, ses tensions. Mais elle n’est pas faite que de cela. J’y ai rencontré des personnes profondément loyales – loyales à leurs idées, loyales à leur collectif, loyales à la promesse de faire autrement.
Cette loyauté-là résonne avec ma propre liberté : l’une ne va jamais sans l’autre.

Alors, suis-je en retrait ?
Peut-être.
Suis-je parti ?
Pas vraiment.

Je me tiens quelque part entre deux rives, sur le seuil : ni dedans, ni dehors. La main sur la poignée d’une porte que je ne parviens ni à fermer, ni à ouvrir davantage.
Il y a en moi cette tension entre loyauté et liberté – deux forces qui me guident, parfois dans des directions différentes, mais jamais contradictoires. Car être libre, ce n’est pas renoncer ; c’est rester fidèle à ce que l’on croit juste.

Je ne suis pas certain que la politique ait encore une place claire pour moi.
Mais je ne suis pas certain non plus d’avoir envie d’en faire totalement le deuil.
Peut-être que je m’en éloigne. Peut-être que je m’en rapproche autrement. Peut-être que le temps dira ce que moi-même je n’ose pas encore formuler.

Et puis, il y a ce dernier élément, que je ne place pas en tête mais que je ne peux plus ignorer.
Ceux qui me connaissent savent ce que mon corps a traversé. Peu imaginent ce que cela laisse en profondeur. Je ne dramatise pas : je constate. Une partie de moi est plus fragile, moins résistante. Ne pas me ménager, c’est parfois prendre un risque inutile. Ce n’est pas la raison première de mes choix, mais c’est une vérité qu’il serait imprudent de nier.

Alors oui, ma boussole reste le CNLE, la lutte contre la pauvreté, la loyauté… et la liberté.
C’est là que je me sens aligné, utile, lucide.
Le reste se précisera avec le temps, sans précipitation, sans reniement.

À celles et ceux avec qui j’ai marché loyalement, je dis merci.
Quant à moi, j’avance – libre, fidèle, un peu en retrait peut-être, un peu en réserve sûrement.
Mais debout, et toujours ouvert à ce que la suite saura éclairer.

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