Racines au parfum de roses, d’asphalte et d’Évangile social
Je suis né à La Roseraie, à Angers. Un quartier où les barres d’immeubles et les jardins ouvriers se croisent, où la rudesse du quotidien se mêle à une certaine poésie. C’est là que j’ai compris très tôt que la solidarité n’était pas une option, mais une évidence. Quand quelqu’un frappait à la porte, on ne lui demandait pas ses papiers ni son bulletin de salaire : on l’invitait à entrer, à partager le repas, même si la casserole était déjà presque vide.
Dans cette enfance faite d’asphalte et d’Évangile social, mes racines démocrates-chrétiennes ont pris forme. J’ai retenu une conviction simple : la dignité humaine n’est pas négociable. Et que l’amour du prochain, pour être vrai, doit se traduire en actes concrets. Ces valeurs sont devenues ma boussole. Elles ne m’ont jamais quitté, ni dans mes engagements citoyens, ni dans mes combats politiques.
La JOC : l’Évangile en bleu de travail
Adolescent, j’ai rejoint la Jeunesse Ouvrière Chrétienne. Une école de vie. Là, j’ai découvert que la foi ne se résume pas à prier le dimanche, mais à s’engager toute la semaine.
Nous parlions de salaires, de logement, de précarité, de conditions de travail. Nous débattions de justice, de dignité, d’espérance. Et tout cela, nous le relions à notre foi.
Ce n’était pas de la religion en surplomb, mais une foi incarnée, les mains dans le cambouis, les manches retroussées.
J’ai alors compris : si les valeurs chrétiennes ne se traduisent pas en justice sociale, elles deviennent creuses, décoratives, presque mensongères.
De l’associatif à la politique : franchir le pas
L’engagement associatif m’a naturellement mené vers la politique locale.
Sur le terrain, j’avais appris à écouter, à chercher des solutions, à construire des réponses concrètes. En politique, j’ai découvert un autre versant : convaincre, composer, négocier, et souvent encaisser.
C’était un univers où il fallait trouver sa place, prouver qu’on n’était pas là pour la photo ou pour le titre, mais pour travailler et défendre des convictions.
J’ai retenu une leçon essentielle : on ne change pas une ville par des discours enflammés, mais en restant collé au réel et à celles et ceux qui le vivent.
Trélazé et Rennes : deux écoles de la politique
À Trélazé, je suis entré en politique municipale avec une foi naïve : celle de croire qu’avec de la bonne volonté, on pouvait tout transformer. Rapidement, j’ai découvert l’envers du décor : les alliances qui se font et se défont au gré des intérêts, les promesses qui s’évaporent dès le lendemain des élections, les débats interminables sur des détails insignifiants.
J’aurais pu baisser les bras. Mais j’ai tenu, car je suis resté persuadé que la politique locale reste l’un des leviers les plus puissants pour améliorer la vie des gens. C’est au quotidien qu’on mesure si on a l’âme d’un serviteur.
En Bretagne, à Rennes Métropole et à Saint-Jacques-de-la-Lande, j’ai découvert un autre monde. Là-bas, le ciel est souvent bas, mais les convictions montent haut. J’y ai travaillé avec des écologistes, des militants sociaux, des citoyens engagés. Et j’ai appris que les étiquettes importent peu quand il y a une volonté sincère de servir le bien commun.
Retour à Angers : la solidarité au bout de la table
De retour à Angers, j’ai pris la coordination de la Diaconie – Solidarités pour la paroisse Saint-Lazare Saint-Nicolas.
C’est là que j’ai sans doute touché au plus près de mes valeurs. Avec les Dimanches d’Accueil, nous avons ouvert les portes à des migrants, des sans-abri, des personnes isolées. Pas de conditions, pas de formulaires, pas de tickets : seulement un repas partagé, un regard échangé, une oreille attentive.
C’est ma conviction : la charité n’est pas ce qu’on donne quand il reste, mais ce qu’on accepte de partager même quand c’est peu.
Au CNLE, pour une parole libre et sans filtre
En 2024, j’ai intégré le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE).
J’y suis allé avec une conviction simple : porter la voix de celles et ceux qu’on n’écoute jamais. Et parfois, ça veut dire gratter là où ça dérange.
Depuis novembre 2024, je préside le Groupe de travail “Participation II”.
En octobre 2025, j’ai été élu au bureau permanent du CNLE par mes collègues du 5ᵉ collège.
J’ai dénoncé les sanctions absurdes contre les allocataires du RSA, rappelé que la fraude sociale est une goutte d’eau face à la fraude fiscale, et j’ai assumé d’être jugé trop cash.
Peu importe. Je préfère déranger avec la vérité que rassurer avec le mensonge.
De la Coopérative à Angers Humaniste : inventer une alternative
Avec Angers Coopérative, j’ai trouvé une communauté d’engagement. Un collectif qui voulait bâtir un projet basé sur trois piliers : solidarité, écologie, démocratie locale. Aux côtés de Noam Leandri et de nombreux autres, nous avons démontré qu’une autre politique était possible.
La Coopérative s’est structurée lors de sa plénière du 11 septembre 2025, où j’ai eu l’honneur d’être élu au comité de coordination. Ce fut un moment fondateur : nous avons prouvé que notre démarche n’était pas seulement militante, mais organisée, collective et tournée vers l’avenir.
De cette dynamique est né, en 2025, Angers Humaniste. Pas un “centre mou” en quête d’alliances, mais un centre solide, animé, qui refuse le cynisme et préfère le dialogue, l’action et l’ouverture.
Nous portons une ambition claire : proposer une vraie alternative au système Béchu, qui confond trop souvent communication et action.
Aujourd’hui : un pied dans l’Évangile, l’autre dans le combat social
Aujourd’hui, je continue à mêler humour et gravité, conviction et ironie.
Je reste persuadé qu’on ne gagne pas tous les combats, mais qu’on ne perd jamais quand on se bat pour l’essentiel : la dignité humaine et l’espérance.
C’est là que je puise ma force. Entre la foi qui m’anime et la lutte sociale qui m’engage, je trace mon chemin, coûte que coûte, souvent à contre-courant, mais toujours fidèle à cette boussole forgée à La Roseraie : servir, écouter, agir.
